Norooz
Le mardi soir à la veille du dernier mercredi de l'année | Le nouvel an iranien du 20 Mars au 01 Avril | Les célébrations du treizième jour, Sizdah Bedar le 02 Avril |
Tchaharchanbeh-Souri | Norouz | Sizdeh bedar |
Tchaharchanbeh-Souri, appelé aussi la Fête du feu, est célébré le mardi soir à la veille du dernier mercredi de l'année par les Iraniens depuis au moins 1700 ans avant Jésus-Christ (c'est-à-dire depuis la première période du zoroastrisme).
La tradition
À l’occasion de cette fête, des luminaires et décorations sont installés dans les grandes villes iraniennes, et des feux sont allumés dans les places publiques. Les luminaires et le feu symbolisent l’espérance d’un éclaircissement, et d’un bonheur radieux pour l’année à venir.
Concrètement, les gens réunissent des plus ou moins grands tas de bois, pour les enflammer et sauter par-dessus les flammes, en prononçant la phrase : « Zardi-yé man az to ; sorkhi-yé to az man » (en persan : زردی من از تو، سرخی تو از من) qui signifie littéralement : « ma [couleur] jaune pour toi, ta [couleur] rouge pour moi » (le rouge est la couleur du feu), c'est-à-dire, figurativement, « je te donne ma pâleur — ou ma maladie —, je prends ta force — ta santé ».
C'est l'occasion d’un grand rassemblement populaire où les Iraniens sortent dans l’espace public (rues et parcs) et s'offrent des sucreries connues sous le nom de Adjilé Moshkel Gosha (mélange de noisettes, de noix de cajou, de noix, de pistaches, de raisins secs et de mûres blanches séchées) afin de glorifier la santé et le bonheur de l'année passée. Des pétards sont lancés dans les rues.
D'après la tradition, les esprits des ancêtres rendent visite aux vivants les derniers jours de l'année, et beaucoup d'enfants s'entourent de draps, rejouant ainsi symboliquement les visites des morts. Ils courent aussi dans les rues en tapant sur des boîtes et des casseroles et frappent aux portes pour jouer des tours aux gens. Ce rituel est appelé qashogh-zany (littéralement : tapement de cuillère) et symbolise le fait de chasser le dernier mercredi de malchance de l'année.
Il y a plusieurs autres traditions cette nuit-là, dont les rituels de Kouzé Chékastan ( کوزه شکستن), pendant lequel on casse des jarres en terre qui contiennent symboliquement la mauvaise fortune de quelqu'un, Fâl-gouch (فالگوش) ou l'art de la divination en écoutant les conversations des passants et le rituel de Guéré-gochâyi (گرهگشایی), faire un nœud dans un mouchoir ou un tissu et demander au premier passant de le défaire afin d'éloigner la malchance de quelqu'un.
La signification religieuse liée au zoroastrisme, attachée à Tchaharchanbé-Souri a aujourd’hui laissé place à un festival culturel partagé par plusieurs peuples iraniens au-delà des Persans, notamment les Kurdes, Azéris, Tadjiks, etc.
Norouz - Le nouvel an persan
Norouz est la fête traditionnelle des Iraniens qui célèbrent le nouvel an du calendrier persan (premier jour du printemps). La fête est célébrée par certaines communautés le 21 mars et par d'autres le jour de l'équinoxe vernal, dont la date varie entre le 20 et le 22 mars.
En français, Norouz est également appelé Nouvel an persan. Le Norouz est inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France en 2019.
Nom de la fête
Le mot vient de l'avestique nava, « nouveau » + rəzaŋh, « jour »/« lumière du jour » (« nouveau jour »/« nouvelle lumière »), et qui a toujours le même sens en persan (no, « nouveau » + rouz, « jour », signifiant « nouveau jour »)
Haft-sin
Haft-sin est une nappe dressée de sept éléments symboliques dont les noms commencent par la lettre "س - S ".
Voici les principaux éléments de Haft-sin (7 élémentss commençant avec la lettre "S")
- Sabzeh (سبزه) - germes de blé, d'orge, de haricot mungo ou de lentille cultivés dans un plat.
- Samanu (سمنو) - pouding sucré de germe de blé.
- Senjed (سنجد) - olive persane.
- Serkeh (سرکه) - vinaigre.
- Seeb (سیب) - pomme.
- Sir (سیر) - ail
- Somāq (سماق) - sumac.
Les pièces de monnaie (سکه sekkeh), la jacinthe (سنبل sonbol) et l'horloge (ساعت sâat) sont parfois également incluses.
D'autres éléments symboliques généralement utilisés pour accompagner Haft-sin comprennent un miroir, des bougies, des œufs peints, des poissons rouges et des confiseries persanes traditionnelles.
Un «livre de sagesse» est également couramment inclus, qui pourrait être le Coran, la Bible, l'Avesta, le Shahnameh ou le divan de Hafez.
Histoire
Le terme Norouz est apparu pour la première fois dans les documents de l'Empire perse au iie siècle avant notre ère, mais il y a des raisons de croire que la célébration est beaucoup plus vieille et qu'elle était déjà probablement un jour important pendant la dynastie achéménide (vers 648 av. J.-C. - 330 av. J.-C.). Il a été suggéré que dans le célèbre complexe palatial de Persépolis, ou qu'au moins le palais de l'Apadana et « Palais aux cent colonnes » avaient été construits afin d'être utilisés spécialement pendant les célébrations de Norouz. Cependant, aucune mention du terme Norouz n'existe dans les inscriptions achéménides.
Les plus anciennes mentions de Norouz remontent à l'époque parthe/arsacide (247 av. J.-C. - 224 ap. J.-C.). Il y a des références spécifiques à la célébration de Norouz pendant le règne de Vologèse Ier (51 - 78 av. J.-C.), mais les détails ne sont pas cités.
Des détails substantiels sur la célébration de Norouz apparaissent après l'accession au trône d'Ardachîr Ier, fondateur de la dynastie sassanide (224 - 650 de notre ère). Sous les rois sassanides, Norouz était célébré comme le jour le plus important de l'année. La plupart des traditions royales de Norouz comme les audiences royales en public, les cadeaux et le pardon des prisonniers ont été établies pendant l'époque sassanide et sont restées telles quelles jusqu'à l'époque moderne.
Norouz, de même que Sadeh (qui est célébré au milieu de l'hiver), a survécu dans la société après l'introduction de l'islam en 650 apr. J-C. D'autres célébrations comme Gāhanbār et Mehregan (en) ont été mises de côté ou ont seulement continué à être suivies par les zoroastriens, qui les ont emmenées jusqu'en Inde. Norouz, cependant, était une fête très célébrée, même par ceux qui ont adopté l'islam très tôt. Il reste des indications que les quatre grands califes ont présidé aux célébrations de Norouz, et que le jour était férié pendant la période abbasside.
Après la chute du califat et la réémergence de dynasties perses comme les Samanides et les Bouyides, Norouz a été élevé à un niveau encore plus important. Les Bouyides ont fait revivre les anciennes traditions de l'époque sassanide et ont restauré d'autres célébrations de moindre importance qui avaient été éliminées par le califat.
Même les envahisseurs ottomans et mongols n'ont pas tenté d'abolir Norouz au profit d'une autre célébration.
Norouz est donc resté la principale fête des Iraniens à la fois au niveau officiel et populaire. La dernière illustration remarquable de la stabilité de cette fête est à la suite de l'avènement de la République islamique.
Le nouveau régime d'obédience religieuse voyait d'un mauvais œil une célébration si grandiose et si populaire pour une fête dont l'origine n'était pas musulmane. Aucun effort n'est fait pour célébrer officiellement ce jour et un parallèle systématique est fait avec les martyrs de la révolution et de la guerre. Après deux décennies, la volonté populaire a donné raison à l'Histoire.
Norouz est de nouveau célébré en Iran encore plus fastueusement que par le passé et de grands Haftsin (en) ont fait leur apparition ces dernières années à l'initiative de la mairie de Téhéran dans les grandes places de la ville.
Variantes communément rencontrées
Norouz est célébré depuis au moins 3 000 ans et est profondément enraciné parmi les rituels et les traditions du zoroastrisme.
Aujourd'hui, la fête de Norouz est célébrée dans de nombreux pays qui ont été des territoires ou qui ont été influencés par l'Empire perse : en dehors de l'Iran, on peut citer le Kurdistan, l'Afghanistan, des parties du Moyen-Orient aussi bien que dans les ex-républiques soviétiques du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, du Turkménistan, de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Kirghizistan, pays dans lesquels la fête est appelée Navrouz.
La fête est aussi célébrée par les Parsis zoroastriens et les hindous de la vallée du Cachemire qui appellent la fête Navreh en Inde ou les Salars, dans la province de Qinghai, en Chine.
Dans la plupart des pays, on accompagne la fête par un Norouz Mubarak (mubarak : félicitations). Au Kurdistan, on dit Newroz pîroz be.
Les suivants de la variante Fasli du calendrier zoroastrien célèbrent aussi Norouz comme le premier jour de l'année nouvelle. D'autres variantes du calendrier zoroastrien célèbrent deux fois Norouz, une fois en tant que Jamshedi Navroz, le 21 mars en tant que début du printemps, et un second Norouz a lieu, en juillet/aout (voir : calendrier zoroastrien), en tant que veille de l'année nouvelle ou jour de l'an.
Que ce second Norouz soit célébré en tant que dernier jour de l'année (contrairement à ce qu'on pourrait penser d'un terme qui signifie « nouveau jour ») pourrait être dû au fait que dans la Perse antique le jour commençait au coucher du soleil, alors qu'ultérieurement, les Perses pensaient que le jour commençait au lever du soleil.
Le bahaïsme, une religion qui trouve ses origines en Iran, célèbre aussi ce jour (son nom est alors écrit Naw-Rúz dans les langues à alphabet latin selon la translittération baha'ie) en tant que fête religieuse marquant non seulement la nouvelle année selon le calendrier bahá'í, mais aussi la fin de leur jeûne de 19 jours.
Les bahá'ís persans suivent toujours les coutumes iraniennes associées avec le Norouz, mais les bahá'ís du monde entier fêtent ce jour, en suivant plus ou moins leurs coutumes locales. Naw Rúz, d'après leurs écritures, tombant le jour de l'équinoxe vernal, depuis le Téhéran est défini comme point de référence du globe terrestre pour définir ce jour. Les bahá'ís doivent ce jour-là suspendre leur travail ainsi que tout travail scolaire.
Dans les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale, Norouz, le 21 ou 22 mars, est communément considéré comme le « nouvel an des musulmans » (entendre des ethnies de religion musulmane) et donne lieu à des festivités tant religieuses que profanes. Alors que le calendrier persan est très précis concernant le moment astronomique auquel la nouvelle année commence, la période de 24 heures pendant laquelle l'année astronomique commence est considérée comme Norouz.
Norouz dans l'Iran moderne
En Iran, les préparations de Norouz commencent pendant Esfand, le dernier mois d'hiver dans le calendrier persan. Les Iraniens, les Afghans et d'autres groupes commencent à se préparer en faisant un grand « nettoyage de printemps » dans leurs maisons, s'achètent de nouveaux vêtements pour la nouvelle année et achètent des fleurs (la jacinthe véritable et la tulipe sont particulièrement populaires).
En association avec la renaissance de la nature, le nettoyage de printemps est la tradition nationale suivie par la plupart des ménages en Iran.
Cela est aussi étendu aux effets personnels, et traditionnellement, tout le monde s'achète au moins une garde robe neuve. Le jour du nouvel an, les familles s'habillent avec leurs vêtements neufs et commencent alors les réjouissances de cette période, en allant rendre visite aux anciens, puis au reste de la famille et enfin aux amis. Le treizième jour (sizdah bedar), les familles quittent leur maison et vont pique-niquer à l'extérieur.
Sizdah Bedar : pique-nique géant et populaire
Sizdah bedar (en persan: سیزده بدر) est une fête traditionnelle persane (iranienne) fêtée treize jours après Norouz, le nouvel an persan.
Le treizième jour des fêtes du nouvel An est Sizdah Bedar – signifiant littéralement « treizième dehors » –, qui est un jour festif célébré à l'air libre, souvent accompagné de musique et de danse. Cette journée est passée à pique-niquer en famille.
Les célébrations du treizième jour, Sizdah Bedar, viennent de la croyance des anciens Perses que les douze constellations du Zodiaque influençaient les mois de l'année, et que chacune régnait sur la terre pour un millier d'années. À la fin de ce cycle, le ciel et la terre sombraient dans le chaos.
Cette croyance est une des origines possibles de la superstition qui attribue au nombre treize un pouvoir maléfique (nombre porte malheur), à l'origine de la triskaïdékaphobie (La triskaïdékaphobie est la phobie du nombre treize). En conséquence, Norouz, dure 12 jours et le treizième représente le chaos, moment pendant lequel les familles mettent l'ordre de côté et évitent la malchance associée au nombre treize en allant dehors et en profitant d'un pique-nique et d'une fête.
À la fin des célébrations de cette journée, les sabzeh cultivées pour le Haft Sin (qui a symboliquement recueilli toute la maladie et la malchance) sont jetées dans de l'eau courante pour exorciser les démons (divs) de la maisonnée.
Il est aussi de coutume pour les jeunes femmes célibataires d'attacher les tiges des sabzeh avant de les jeter, exprimant ainsi le souhait d'être mariées avant le Sizdah Bedar de l'année suivante.