Calendrier Persan
Le calendrier persan
Le calendrier persan (ou iranien) est un calendrier solaire en usage notamment en Iran et en Afghanistan. Il descend des calendriers zoroastriens de la Perse pré-islamique. Son système d’alternance des années communes et des années bissextiles le rend plus précis que le calendrier grégorien.
Structure du calendrier
L’année compte 365 ou 366 jours et est composée de 12 mois. Les 6 premiers comptent 31 jours, les 5 suivants 30 jours et le dernier mois 29 ou 30 jours.
Les années sont comptées à partir de l’hégire, soit l'an 622 du calendrier julien ; cependant, la date du 16 juillet, traditionnellement retenue pour l’Hégire, est remplacée par celle de l’équinoxe de printemps : le 1er Farvardin de l’an 1 correspond donc au 21 mars 622 du calendrier julien.
On dit aussi que, contrairement à l’usage en vigueur dans les pays musulmans sunnites, les chiites (Persans principalement) comptent leurs années à partir de la Révélation de Gabriel à Mahomet, c'est-à-dire en 621 après J.-C.
Années bissextiles
Le système d’années bissextiles est plus complexe mais aussi beaucoup plus précis que le système grégorien. Il aurait été mis en place par Omar Khayyam au xie siècle.
On a un cycle de 2 820 années dont 683 sont bissextiles.
La durée moyenne de l’année dans un tel cycle est de (2137×365 + 683×366) / 2820 = 365,24219858156 jours (contre 365,2425 jours dans le calendrier grégorien) ce qui est pratiquement égal à l’année tropique moyenne, c’est-à-dire la période de révolution de la Terre autour du Soleil, qui dure 365,2421905162 jours.
Le calendrier persan cumulerait donc un décalage d’un jour au terme d’une période de 1 / (365,24219858156 - 365,2421905162) = 1 / 0,00000806536 = 123 987 ans.
Les années sont numérotées à l’intérieur de chaque période de 29, 33 ou 37 ans. Dans chacune des périodes, la première année à être bissextile est la cinquième, puis tous les 4 ans. (Mathématiquement, en numérotant à partir de 1 dans une période, une année n est bissextile si n > 1 et n mod 4 = 1)
Histoire
De nombreuses civilisations indo-chinoises ont fondé leur calendrier sur la course de la lune. Mais les cosmologues perses, les astronomes et les astrologues créèrent en leur temps des observatoires, et suivirent quotidiennement les légers changements de luminosité solaire.
À l’époque pré-islamique, un calendrier solaire de 365 jours était déjà en vigueur en Perse. L’année comptait 12 mois de 30 jours chacun ainsi que 5 jours additionnels. Ces 5 jours étaient à l’origine insérés entre le 8e et le 9e mois ; à compter de l’an mille environ, ils furent déplacés à la fin de l’année.
À cause du décalage de 0,2422 jours par rapport à l’année tropique, le début de l’année reculait d’un jour tous les 4 ans. Les califes arabes al-Mutawakkil (847-861) et al-Mu'tadid (892-902) proposèrent respectivement de décaler d’un coup le nouvel an de 57 et 60 jours, mais aucune de ces réformes ne semble avoir été respectée.
En 1079, Djalal ad-Din Malik Shah des Seljuq refixa le nouvel an à l’équinoxe de printemps. Avant que le système des années bissextiles ne se fixe, Omar Khayyam (mathématicien, astronome et poète) avait déjà proposé un cycle de 33 ans contenant 8 années bissextiles ce qui portait la durée moyenne de l’année à 365,2424 jours, précision déjà supérieure à celle du calendrier grégorien.
C’est en 1925 que le calendrier dans sa forme actuelle devint officiel en Iran, en 1957 en Afghanistan. Ce calendrier est aussi en usage dans les régions voisines, notamment dans les parties kurdes de la Mésopotamie.
En Iran, le passage à la nouvelle année est décrété par l’Institut de géophysique de Téhéran : si, le jour de l’équinoxe de printemps, le passage du Soleil à l’équateur, d’un point de vue géocentrique, se produit avant midi, heure de Téhéran, c’est le jour de l’an, sinon le jour de l’an a lieu le lendemain.
Les signes astrologiques (Lion, cancer, balance...) sont aussi en coordination avec le début de chaque mois iranien : par exemple, le signe Lion débute le 23 juillet et prend fin le 22 août, ce qui est en parfaite coordination avec le mois de "mordad".
Officialisation du calendrier (de l’Hégire solaire)
Une quinzaine d’année après l’approbation de la loi des comptabilités publiques, le parlement iranien approuva, en mars 1925, une loi sur le changement du calendrier officiel du pays. Aux termes de l’article 1 de cette loi, le calendrier de l’Hégire solaire est devenu le calendrier officiel de l’Iran. L’article 2 de la même loi a abolit l’usage du calendrier des douze animaux.
Le calendrier de l’Hégire solaire, qui est le premier calendrier solaire fondé sur la date de l’Hégire (émigration) du Prophète de l’Islam de la Mecque à Médine, est donc une invention assez récente, contrairement à l’idée reçue qui lui attribue une ancienneté millénaire.
Le premier calendrier de l’Hégire solaire (qui n’était pas un calendrier officiel) fut établi en 1886 de l’ère chrétienne par Abdol Qafâr Khân Nadjmodolleh. Pour la première fois dans l’Histoire de l’Iran, ce calendrier privé portait la date de 1265 de l’Hégire solaire.
Le calendrier de Nadjmodolleh avait pris l’émigration du Prophète pour sa date de début (date qui correspond à vendredi 19 mars 622 de l’ère chrétienne), et utilisait les termes arabes des noms des douze signes du zodiaque pour la dénomination des mois.
Il est à noter que la date du début du calendrier de l’Hégire solaire, (c’est-à-dire le vendredi 19 mars 622 de l’ère chrétienne), est une convention, car elle précède de 179 jours l’émigration du Prophète de la Mecque à Médine ; elle précède aussi de 119 jours la date du début du calendrier de l’Hégire lunaire. En effet, les élaborateurs du calendrier de l’Hégire solaire ont choisi, par convention, le Jour de l’An de l’année de l’émigration du Prophète de l’Islam.
Par conséquent, dans les correspondances exactes des deux calendriers de l’Hégire (lunaire et solaire), il faut prendre en compte cette différence de 119 jours au départ.
En ce qui concerne la détermination de la durée exacte de l’année et le calcul des bissextes, les élaborateurs du calendrier de l’Hégire solaire voulaient se baser sur le système de chronologie du calendrier Djalâli, ancêtre bien légitime du nouveau calendrier.
Mais en réalité, ils ont très vite compris que le calendrier Djalâli est, dans le calcul des bissextes, trop précis et trop scientifique pour être pratique !
C’est la raison pour laquelle le Conseil de surveillance du calendrier officiel à l’Université de Téhéran a décidé, après délibération, que le calcul des bissextiles soit conforme au système utilisé dans le calendrier grégorien (calendrier chrétien).
En effet dans le système de chronologie Djalâli, le "bissexte réel" doit être respecté assez irrégulièrement à l’intervalle de quatre ou cinq ans, car en réalité, l’année solaire n’a pas une durée fixe tous les ans. C’est pourquoi l’Université de Téhéran et le Ministère des Sciences ont décidé d’adopter le système grégorien du calcul des bissextes, en supprimant quatre bissextes pendant chaque période de 500 ans.
Il est à noter qu’aujourd’hui, l’Institut de Géophysique de l’Université de Téhéran prend en compte les deux idées à la fois : pour déterminer la durée exacte de l’année, il faut respecter le moment exacte du passage réel du soleil dans le zodiaque du Bélier (ce qui correspond au système Djalâli) et pour le calcul des bissextes, il faut essayer de s’adapter de mieux en mieux, dans la mesure du possible, au système grégorien (pour la commodité).