Agriculture
Agriculture en Iran
L'agriculture en Iran tire parti d'environ un tiers de terres arables, mais seulement un quart de celles-ci sont effectivement cultivées, principalement en raison des défis liés à l'irrigation et à la nature du sol. La diversité climatique du pays permet la culture d'une large gamme de produits, notamment des céréales telles que le blé, le maïs et l'orge, ainsi que des fruits comme les dattes, les figues, les grenades, les raisins, les melons et les pastèques. Les légumes, le coton, les pistaches, les olives, les épices comme le safran, le tabac et le thé sont également cultivés.
Cette industrie agricole contribue à environ un cinquième du PIB du pays et emploie une proportion significative de la population active. Cependant, la plupart des fermes sont de petite taille et utilisent des techniques de production traditionnelles, ce qui limite les rendements. Malgré cela, le gouvernement iranien s'efforce d'améliorer la productivité agricole pour atteindre l'autosuffisance alimentaire du pays, avec des progrès notables depuis les années 1990.
Outre l'agriculture, l'élevage, la pêche et les forêts jouent également un rôle important dans l'économie iranienne. L'élevage comprend des animaux tels que les moutons, les chèvres, les ânes, les chevaux et les volailles, ainsi que des espèces spécifiques à certaines régions, comme les buffles d'eau et les chameaux. La pêche, en particulier pour le caviar, est une activité significative pour l'exportation et la consommation intérieure. Les forêts couvrant environ dix pour cent du territoire fournissent du bois utilisé dans la construction et l'industrie du meuble.
Histoire
L'agriculture a une histoire très ancienne en Iran. La première domestication de la chèvre a eu lieu sur le plateau iranien 10 000 ans avant notre ère. Des traces de fermentation de raisin en vue de produire du vin ont été retrouvées ; elles datent de 5000 ans avant notre ère.
Le moulin à vent a également été inventé en Iran vers 1700 av. J.-C..
Certains fruits, légumes et fleurs sont originaires du monde iranien :
- la pêche (comme l'atteste son étymologie, le mot venant du latin persica),
- les tulipes
- les épinards (du persan : اسفناج, Esfenāj).
Le Qanat, une sorte d'aqueduc souterrain a été une des contributions majeures à l'agriculture en Perse.
Ils étaient utilisés à l'époque Achéménide et certains sont encore en usage de nos jours.
L'agriculture a beaucoup souffert de la conquête des Mongols au xiiie siècle. Greniers et champs dévastés, qanats laissés à l'abandon contribueront au déclin de l'agriculture pour une période prolongée.
Place de l'agriculture dans l'économie iranienne
L'investissement d'État a permis de développer l'agriculture, bien que la libéralisation de la production, l'amélioration des emballages et du marketing ait permis la croissance des exportations. Grâce à la construction de nombreux barrages hydrauliques à travers le pays et des plans d'irrigation de grande échelle associé à une culture plus large des productions destinées à l'exportation comme les dattes, les fleurs et les pistaches ont permis à ce secteur de connaître la croissance la plus rapide par rapport à n'importe quel autre secteur de l'économie iranienne tout au long des années 1990, bien que les fortes sécheresses successives des années 1998, 1999, 2000, et 2001 ait un ralenti cette croissance.
L'agriculture reste un des secteurs employant le plus grand nombre de personnes, avec 22 % de la population active d'après le recensement de 1991. En 2002, 6,2 millions d'hectares étaient dédiés au blé, soit la moitié des terres agricoles.
L'Iran a été le premier importateur de blé au monde quand la période de sécheresse de 1999 à 2001 l'obligea à acheter plus de six millions de tonnes par an en moyenne. Le pays a déclaré être en autosuffisance en blé fin 2004, mais les sécheresses de 2007 et 2008 ont fait effondrer de nouveau la production agricole. Seules 10 millions de tonnes de blé ont été récoltées contre 15 millions espérées ; ce qui a contraint l'Iran à acheter 1,18 million de tonnes de blé aux États-Unis, livrables entre 2008 et 2009. Cet achat aux États-Unis est une première depuis 1981.
L’agriculture iranienne : une modernisation inachevée
Amélie Neuve-Eglise
Malgré les efforts déployés depuis plusieurs décennies en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire, l’Iran demeure aujourd’hui un très gros importateur de produits agricoles afin de répondre à une demande interne croissante due à l’augmentation considérable de sa population ainsi qu’à une modernisation lente et insuffisante de son appareil productif.
Ce pays dispose cependant d’atouts naturels considérables et occupe aujourd’hui le premier rang mondial dans la production de nombreuses denrées, dont le safran, les dattes et les pistaches.
Devant faire face à un ensemble de problèmes conjoncturels et structurels, le secteur agricole, qui représente environ 12% du PIB iranien et occupe près d’un quart de la population active, doit répondre aux défis d’une modernisation inachevée ; et ce dans un contexte où tout immobilisme pourrait avoir des retombées économiques et politiques lourdes de conséquences durant les décennies à venir.
Des cultures et élevages très variés
Doté d’une grande diversité de climats (continental, subtropical, méditerranéen…), le sol iranien permet la culture de denrées très variées telles que les céréales (blé, orge, riz, maïs), de nombreux fruits et légumes (concombres, pastèques, raisins…), du coton, des épices (dont le safran), du thé, des pistaches, des dattes et un grand nombre de plantes médicinales. Près de 35% de la superficie du pays est cultivable, mais ces espaces eux-mêmes ne sont utilisées qu’à hauteur de 25%.
Une grande partie des terres cultivables est consacrée à la culture du blé et de l’orge. Les parties ouest et nord-ouest du pays jouissent des sols les plus fertiles, et les principales régions agricoles sont le Khorâsân (cultures maraîchères, céréales), la province de Fârs (fruits et céréales), le Kouzestân et les régions proches de la frontière avec l’Azerbaïdjân. La production nationale agricole est cependant loin de couvrir la demande interne, et l’Iran doit recourir à de massives importations, notamment de céréales et de graines oléagineuses.
Le cheptel se compose essentiellement d’ovins (50 millions de têtes), de caprins, et de près de 9 millions de bovins. Les élevages de poules, ainsi que la production de produits laitiers issus du lait sont également nombreux. En outre, la pêche constitue une ressource importante et une production nationale excédant la consommation interne permet à l’Iran d’exporter diverses variétés de poissons ainsi que du caviar (20% de la production mondiale) provenant de la mer Caspienne. Le golfe Persique fournit également une part non négligeable de fruits de mer, dont des crevettes et divers crustacés.
L’omniprésence des exploitations privées de petite taille
Le secteur agricole fait figure d’exception dans l’économie iranienne, puisque près de 92% des terres appartiennent au secteur privé, contre seulement 8% au secteur public. Cependant, il faut relativiser ce constat : certaines étendues cultivables sont la propriété de grandes fondations telles que Bonyad-e Mostazafân à Téhéran ou Astân-e Qods à Mashhad qui, si elles ne sont pas étatiques, n’en entretiennent pas moins des rapports étroits avec le pouvoir.
La plupart des exploitations sont de petite taille (moins de 10 hectares) et leur rentabilité n’est pas, pour la grande majorité d’entre elles, garantie sur le long terme. Aggravée par la sécheresse ayant sévi au cours de ces dernières années en Iran, la baisse des revenus agricoles a contribué à alimenter des flux migratoires massifs en direction des grandes villes iraniennes, touchant principalement la capitale et ses environs.
Les différentes tribus nomades vivant en Iran ont également un rôle important dans l’élevage de moutons et d’oies, et, pour les tribus qui se sont peu à peu sédentarisées, les myriades de petites fermes disséminées sur l’ensemble du territoire iranien permettent de répondre à une partie de la demande nationale en viande et en produits laitiers.
Cependant, l’augmentation rapide de la population iranienne au cours de ses dernières décennies a entraîné une forte croissance de la demande interne, contribuant au développement de larges exploitations agricoles technicisées afin que le pays n’augmente pas sa dépendance aux importations agricoles - en vain : les deux millions de tonnes de viande produites (composées avant tout de poulet, d’agneau, et de bœuf) sont loin de couvrir des besoins internes en constante augmentation.
Quoi qu’il en soit, le monde paysan iranien recouvre une réalité très complexe, incluant diverses tribus nomades ou sédentaires, des paysans pauvres et non propriétaires, ou encore une " bourgeoisie rurale " propriétaire de vastes exploitations.
Le rôle clé des femmes
Dans l’ensemble, la société rurale a subit des évolutions démographiques similaires à celles constatées au sein du reste de la société : augmentation de l’âge moyen du mariage des femmes, baisse de la fécondité et augmentation importante du taux d’alphabétisation.
Cela s’est notamment traduit par une certaine évolution du rôle des femmes au sein de ce secteur, au sein duquel elles occupent une place centrale dans la culture et l’élevage mais aussi et de plus en plus souvent, au sein des processus de prise de décision. Au nord de l’Iran, elles plantent et récoltent le riz, ou encore se consacrent à l’élevage d’animaux divers et variés.
Dans le sud du pays, beaucoup travaillent dans le secteur de la pêche ou dans des usines agro-alimentaires. Du fait du faible revenu engendré par la seule activité agricole, un nombre important de femmes effectue également en parallèle divers travaux de tissage et d’artisanat. Elles sont également présentes de façon croissante au sein des diverses institutions et instances de décision rurales.
En outre, elles ont même créé des coopératives qui leur sont exclusivement réservées et au sein desquelles les problèmes rencontrés sont débattus et des résolutions adoptées. Ces dernières décennies ont également été témoin de l’émergence de plusieurs organisations non gouvernementales telles que la Société des Femmes Islamiques, destinées à valoriser le rôle de la femme dans les processus de décision ainsi qu’à la former à l’utilisation des nouveaux outils mécanisés.
Cependant, des obstacles à l’affirmation réelle de son rôle demeurent : un très faible pourcentage d’entre elles sont propriétaires des terres qu’elles cultivent, ce qui rend leur accès au crédit difficile était donné qu’il est souvent lié à la possession de terrains. Néanmoins, la Banque Agricole octroie un nombre croissant de prêts aux femmes, notamment par l’intermédiaire de ces diverses coopératives agricoles féminines.
Evolution historique du monde agricole iranien
Sous la dynastie Qâdjâre, la production agricole interne était loin de couvrir les besoins nationaux, et nombre de denrées alimentaires étaient importées d’Inde et des pays voisins. Au XIXe siècle, l’agriculture connût cependant un intense processus de modernisation qui, bien qu’inachevé, permit le passage d’une agriculture vivrière à une agriculture commerciale.
Plusieurs décennies après, la réforme de 1962-63 a réenclenché un mouvement de modernisation au sein de ce secteur en permettant à plusieurs millions de paysans d’accéder à la propriété de leur terre, ainsi qu’en y introduisant de nouvelles techniques de production et de gestion. Au cours des années 1960, l’agriculture iranienne réussit presque à atteindre l’autosuffisance.
Cependant, la situation connaîtra d’importantes dégradations et à l’aube de la Révolution islamique, l’Iran est contraint d’importer plus de la moitié de ses denrées alimentaires.
A la suite de la Révolution de 1979, de nombreux paysans se prononcèrent en faveur de l’octroi de droit de propriété des terres qu’ils cultivaient, tout en décidant d’occuper des milliers d’hectares de terres et des vastes exploitations privées dans lesquelles ils n’avaient qu’un statut d’employés.
Face à cette situation, le Conseil de la Révolution islamique décida de mettre en place une réforme agraire impliquant la redistribution massive des terres cultivables, réforme dont le radicalisme fût critiqué par une large partie de la population et aboutit finalement à sa non-application.
Des centaines de milliers de paysans s’étant arrogés droit de cité sur ces terres, il leur fut cependant octroyé le statut vague et indéfini de " cultivateurs temporaires ", et ce jusqu’à la légalisation officielle de leur statut en 1986.
De façon générale, la modernisation du secteur agricole comptait parmi les priorités du nouveau régime pour deux raisons : sociale, afin de favoriser une amélioration des conditions de vie de cette classe de travailleurs agricoles souvent défavorisée, et stratégique, l’augmentation de la productivité agricole devant permettre d’atteindre au plus vite l’autosuffisance alimentaire et de fortifier ainsi l’indépendance de l’Iran par rapport à l’Occident et ses alliés.
Cette politique s’est traduite par l’octroi aux paysans de prêts à taux préférentiels, ainsi que par le versement d’aides généreuses pour tout achat de matériel agricole. Cependant, la République islamique instaura en parallèle un système très strict de contrôle des prix des denrées qui produisit un fort effet désincitant, se traduisant in fine par une baisse considérable de la production de denrées stratégiques et une diminution des investissements.
La guerre contre l’Irak a également été un facteur aggravant, transformant de nombreuses surfaces cultivables en champs de bataille et provoquant l’exode de nombreux agriculteurs. En parallèle, l’aide octroyée par le gouvernement à la population dans le domaine alimentaire provoqua une forte augmentation de la demande, se traduisant au final par une montée en flèche des importations agricoles.
La fin des années 1980 marqua l’abandon de cette politique de fixation des prix, qui s’ajustèrent progressivement aux prix internationaux, permettant ainsi de juguler le volume des importations.
Une politique agricole demeurant axée sur l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire
La situation s’améliora progressivement à partir des années 1990 grâce aux efforts du Ministère de l’agriculture qui, au travers de plans quinquennaux successifs, mit en place tout un système d’incitations favorisant l’augmentation des rendements et de la productivité globale de ce secteur - et ce dans le but ultime d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.
Il contribua également au financement de la construction de nombreux barrages hydrauliques ainsi qu’à la mise en place de systèmes d’irrigation.
En parallèle, il accorda tout un ensemble d’aides à la production de denrées destinées à l’exportation telles que les pistaches, le safran et les dattes, tout en jetant les bases d’une politique de développement rural visant à freiner l’exode du monde paysan vers les grandes villes.
Cette politique s’est également traduite par l’adoption de nouveaux modes de production et de gestion, notamment au travers du rôle clé assigné aux divers organismes locaux tels que les conseils ruraux islamiques, les coopératives agricoles, ou encore les maisons de développement rural.
Cependant, cette politique visait avant tout à augmenter le volume de production des denrées de bases au moyen de diverses incitations financières de court terme, et non par un programme de long terme qui aurait davantage permis de moderniser la structure globale des exploitations et des modes de production.
De plus, le volet social de cette politique était quasi-absent et ne prévoyait qu’un nombre infime de mesures pour traiter les problèmes de la pauvreté rurale, du chômage endémique sévissant dans certaines régions agricoles, et des migrations croissantes vers les grandes villes.
En conséquence, les objectifs n’ont pas été atteints et le secteur agricole n’a pas connu une augmentation durable de sa productivité. L’autosuffisance est donc loin d’avoir été atteinte, et la sécheresse ayant affecté l’Iran au cours de ces dernières années a même eu tendance à accroître sa dépendance envers certains produits.
Cependant, l’Etat iranien tend à recentrer désormais ses priorités sur la modernisation du système de production agricole, notamment à travers la fourniture de machines technicisées à bas prix.
En outre, au cours de ces dernières années, des progrès notables ont été réalisés dans le secteur du machinisme agricole : les industries de Tabriz et de Arak produisent chaque année un grand nombre de tracteurs et de moissonneuses batteuses modernes, permettant ainsi à l’Iran de couvrir la quasi-totalité de ses besoins en matériel agricole et d’induire une plus grande mécanisation du secteur.
Cependant, un des grands problèmes auquel est confrontée l’agriculture iranienne demeure celui du manque de richesse des sols et de l’irrigation : en effet, si l’irrigation de certaines régions agricoles du nord et de l’ouest est assurée par les précipitations, la majorité des zones cultivables souffrent d’un déficit chronique d’eau ou d’un système d’irrigation peu efficace et faiblement technicisé.
La mise en place d’un système d’irrigation efficace figure dès lors parmi les priorités de l’Etat, qui s’est efforcé de favoriser la construction de stations de pompages d’eau afin de remédier au problème de la sécheresse. Ces initiatives sont à saluer mais demeurent largement insuffisantes, étant donné que les systèmes d’irrigation produits localement demeurent faiblement sophistiqués et peu adaptés aux différents milieux locaux.
Préservation de la biodiversité et des cultures tribales : vers une revalorisation de l’agriculture nomade
Face à cette volonté de modernisation, des voix s’élèvent pour que le secteur agricole ne poursuive pas uniquement des buts mesurés en termes de rendements mais définissent des objectifs plus qualitatifs, tels que la préservation de l’environnement ou la production de denrées saines et de qualité.
Dans ce sens, après un siècle d’efforts visant à leur sédentarisation, l’Etat iranien, avec l’aide de diverses ONG, tend aujourd’hui à revaloriser le rôle dans l’agriculture et l’élevage des différentes tribus présentes en Iran (1,3 millions de personnes, soit 2% de la population).
Cette politique lui permet de poursuivre un double objectif : la préservation de la biodiversité et de l’équilibre écologique des terres, et, en parallèle, la mise en valeur de modes de vie qui contribuent à la richesse du patrimoine culturel iranien.
En 1963, la réforme du Shâh décrétant la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles associée à une politique active de sédentarisation avait abouti à une marginalisation de ces communautés ainsi qu’à une diminution de leurs activités agricoles.
Cependant, des études récentes ont montré que le mode de vie et les types d’élevage mis en place par ces communautés nomades protégeaient le sol de toute surexploitation et détérioration, permettaient de tirer profits de pâturages inexploités, tout en contribuant à valoriser un modèle agricole alternatif tourné vers le respect du milieu naturel et la production de denrées saines. De multiples projets d’aide destinés à revaloriser ce modèle de production tribal ont été lancés sous l’égide du Ministère de l’agriculture avec la coopération d’institutions telles que le CENESTA (Center for Sustainable Development), ou encore la FAO (Food and Agricultural Association).
Ils ont notamment pour objectif d’aider ces tribus à effectuer leurs migrations sans difficultés ainsi qu’à valoriser leur culture et leur mode de vie au niveau national, en les associant à de multiples projets de développement et d’exploitation des sols. Les différents clans des tribus Qashqaï ou de la sous-tribu Kuhi qui ont été bénéficiaires de ces projets se sont montrés très réceptifs et semblent avoir réservé un bon accueil à ces initiatives.
Le recours à une aide étrangère ?
Au cours des dernières décennies, le gouvernement iranien s’est caractérisé par son protectionnisme agricole, imposant souvent de fort droits de douane censés décourager les importateurs de denrées alimentaires et de machines agricoles - même si l’insuffisance de certains produits ont fait subir certaines entorses à ce principe : pour les denrées produites en quantité insuffisante, le Ministère de l’agriculture octroie à certains produits des facilités d’entrée.
Il demeure cependant libre à tous moments - en attendant l’adhésion effective du pays à l’OMC - d’annuler ces permis si ces marchandises importées concurrencent et défavorisent la production nationale.
Aujourd’hui, face à l’insuffisante technicisation des machines et le manque de capitaux, la nécessité d’une ouverture aux investissements étrangers semble s’imposer, du moins de manière temporaire. Ceci pourrait notamment faciliter les transferts de technologie et, à plus moyen terme, induire une modernisation du système agricole iranien dans son ensemble.
Plusieurs facteurs semblent également fournir un environnement favorable aux investisseurs internationaux : la situation géographique et stratégique de l’Iran, au carrefour entre le Moyen-Orient et l’Asie, facilite les possibilités d’exportation ; une main d’œuvre et des matières premières à coûts avantageux ; sans oublier une forte demande en systèmes d’irrigation et de forestation performants, qui constituent aujourd’hui des marchés peu exploités et riches en opportunités.
En outre, il existe plusieurs grandes industries agricoles étatiques dont la gestion pourrait être reprise et assurée de façon plus efficace par des acteurs privés étrangers. Du point de vue juridique, la possibilité de mettre en place des joint-ventures entre des entreprises iraniennes et étrangères offre également à ces dernières la possibilité de bénéficier d’exemptions de taxes ainsi que de prêts à taux très faibles auprès de la bânk-e keshâvarzi, principale banque agricole iranienne.
La généralisation de ces partenariats pourrait permettre à l’Iran de moderniser son système agricole en adoptant progressivement des modèles de gestion et d’exploitation plus performants. Il faut cependant rappeler que l’Etat iranien fournit lui-même de l’aide dans le domaine agricole à d’autres pays : en août 2006, il a notamment signé des accords de coopération avec les Comores prévoyant que l’Iran mettrait à leur disposition des bateaux de pêche tout en assurant la formation d’une partie de la population comorienne aux métiers de la pêche.
En l’espace de 30 ans, l’Iran est donc passé d’une agriculture de subsistance à un système agricole plus technicisé et tourné vers l’export ; les importants progrès réalisés en parallèle par l’industrie de l’emballage et du marketing ayant permis d’augmenter le volume des ventes de produits alimentaires iraniens à l’étranger.
Cependant, l’atteinte de l’autosuffisance en matière agricole devra passer par une diversification de l’industrie agro-alimentaire afin de répondre aux attentes de consommateurs de plus en plus demandeurs de variété, et ce afin d’éviter que leur consommation ne se reporte sur des produits étrangers.
La production nationale peut cependant compter sur l’attachement des Iraniens à leurs denrées alimentaires nationales, souvent chargées d’un fort contenu symbolique et culturel et utilisées tout au long de l’année lors de nombreuses fêtes et cérémonies.
Face à la croissance exponentielle de la demande interne, plusieurs responsables politiques se sont déclarés en faveur du développement des biotechnologies agricoles, susceptibles d’améliorer les rendements du secteur mais nécessitant en parallèle d’importantes ressources humaines et techniques.
Ces dernières demeurent actuellement insuffisantes, malgré les efforts de l’Etat iranien et la création de divers centres de recherche consacrés à ce domaine tels que l’Institut de Recherche Iranien en Biotechnologie Agricole, qui dépend lui-même du Ministère de l’agriculture.
La mise en place d’un système fiable de droits de propriété intellectuelle demeure également une condition sine qua non à l’acquisition de licences d’exploitation en majorité détenues par les grandes compagnies transnationales. Quelles que soient les méthodes employées et les priorités définies, le développement du secteur agricole demeure un enjeu essentiel non seulement pour assurer l’autosuffisance du pays, mais aussi afin de permettre une diversification des exportations aidant à compenser les baisses ponctuelles ou durables des revenus pétroliers.
Sources :
Amuzegar, Jahangir, " Iran’s post-revolution planning : the second try", in Middle East Policy, mars 2001, Vol. 8, No. 1
Azkia, Mostafa ; Kian-Thiébaut, Azadeh, " Rural Society and Revolution in Iran ", in : Eric Hooglund, dir., The Twenty Years of Islamic Revolution. Political and Social Transition in Iran Since 1979. New York, Syracuse University Press, 2002, pp. 96-119.
Coville, Thierry, L’économie de l’Iran islamique : entre ordre et désordres, Paris, L’Harmattan, 2002
Mohammadi, Ali, Iran encountering globalization : problems and prospects, London, New-York, Routledge, 2003
www.missioneco.org
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