Mers
Mer Caspienne
La mer Caspienne est une mer fermée d’Asie occidentale, principalement alimentée par la Volga, issue de la fermeture d’une mer océanique ancienne, l'océan ou mer Paratéthys. C'est la plus grande mer fermée du monde, bordée au nord et à l’est par les steppes de l’Asie centrale, à l’ouest et au sud par des chaînes issues de l’orogénèse himalayo-alpine : respectivement Caucase et Elbourz. Les pays riverains sont (dans le sens des
aiguilles d'une montre) : le Kazakhstan au nord-est), le Turkménistan au sud-est, l’Iran au sud, l’Azerbaïdjan au sud-ouest, et la Russie au nord-ouest (avec le Daghestan, la Kalmoukie et l’oblast d'Astrakhan). Son niveau varie selon les années, mais de 1995 à 2017 il diminue rapidement (−6,72 cm/an en moyenne, soit −1,5 m en 20 ans) principalement à cause d'une évaporation accrue par le réchauffement climatique, et cette tendance devrait se poursuivre.
Dénominations
Caspien est emprunté au latin caspianus, dérivé du latin caspius.
Son nom vient du peuple des Kassites des monts Zagros, une chaîne de montagne en Iran, dérivant d’une racine hourrite kas signifiant « montagne » dont dérivent aussi les noms du Caucase et de Qazvin.
- Dans l’Antiquité, elle était appelée mer Hyrcanienne (en latin : mare Hyrcanum) d'après la région Hyrcanie.
- Au Moyen Âge, elle se nommait mer Khvalissienne ou Choresmienne (lié aux Khvalis, les habitants du Choresm).
- Dans les sources arabes, elle se nomme la Bahr el-Qazvin d'après la ville iranienne Qazvin.
- En Iran, elle s’appelle aussi mer Khazare (Daryā-ye Khazar) et parfois mer de Mazandaran (Daryā-ye Mazandaran), d'après la région iranienne qui la borde.
Par extension, certains géographes emploient caspienne — avec un c minuscule — comme adjectif pour désigner une mer fermée.
Caractéristiques hydrographiques et géologiques
La mer Caspienne est, avec une superficie de 371 000 km2, la plus grande des masses d’eau enclavées du monde (elle est plus vaste que l’Allemagne). Sa longueur maximale est de 1 030 km dans l’axe nord-sud, et sa largeur maximale est de 435 km est-ouest. Ses caractéristiques en font un phénomène hydrologique unique, qui transcende à bien des égards les classifications habituelles. L’expression « mer fermée », qu’on lui applique couramment (ainsi qu’à la mer d'Aral), est probablement la plus à même de mettre en évidence ses singularités, tant vis-à-vis des mers ouvertes que des lacs classiques.
Si on la compare aux mers épicontinentales européennes, elle est cinq fois plus grande que la Manche (75 000 km2), deux fois et demie plus grande que l’Adriatique (160 000 km2), deux fois plus grande que la mer Égée (180 000 km2) et presque aussi grande que la mer Noire (411 000 km2). Si on la compare aux grands lacs endoréiques, elle est quatre-vingt-quatre fois plus grande que le Grand Lac Salé (4 400 km2), quarante fois plus grande que le lac Eyre (9 900 km2) et vingt fois plus grande que le lac Balkhach (18 200 km2).
Ses dimensions et sa salinité font qu’on la dénomme toujours « mer », mais ses statuts scientifique et surtout juridique prêtent à débat, car elle n’a actuellement pas le statut officiel de mer, mais bien celui de lac (plus précisément, le plus grand des lacs salés), ce qui n’est pas sans poser de problèmes tant d’un point de vue juridique que scientifique.
Objet des convoitises des pays riverains, ceux-ci souhaitent, en effet, qu’elle soit considérée comme une mer intérieure, la répartition des eaux territoriales et des richesses sous-marines ne se faisant pas de la même façon.
D’un point de vue géologique, hydrographique et historique, la mer Caspienne est une mer résiduelle de l’océan ou mer Paratéthys. C’est la plus grande mer fermée du monde. Elle a la même origine que la mer Noire et la mer d'Aral.
Durant le Pliocène l’ancienne Paratéthys se subdivisa en plusieurs mers intérieures qui finirent par ne plus être reliées les unes aux autres. Ce fut notamment le cas de la mer de Pannonie, une mer intérieure qui occupait l’actuelle plaine pannonienne. La plupart de ces mers fermées disparurent à la fin du Pléistocène. À présent seules la mer Noire, la mer Caspienne et la mer d'Aral subsistent.
Elles gardent les caractéristiques géologiques, hydrologiques et même, sur certains points, biologiques de base de la mer océanique dont elles sont issues, modifiées au fil des millions d’années, pour les deux dernières, par leur enclavement et leur alimentation constante en eau douce, tandis que la première au contraire a reçu récemment (il y a 7000 ans) d’importants apports d’eau salée méditerranéenne.
La salinité de la mer Caspienne est d'environ 12 grammes de chlorures par litre d’eau, soit le tiers de la salinité de la plupart des mers ou océans (38 grammes de sel par litre en Méditerranée, 35 dans l'Atlantique).
La salinité varie de 10 grammes au niveau de l’embouchure de la Volga, à 350 grammes dans l’immense bassin naturel de concentration de Kara-Bogaz-Gol dont l’eau ne cesse de s’évaporer, remplacée à mesure à travers l’étroite passe qui la relie à la Caspienne.
Niveau de la mer Caspienne
La mer Caspienne se situe à - 27,6 mètres en dessous du niveau des océans.
Elle s’isole de l’ancienne Paratéthys il y a environ 5,5 millions d'années, en raison du soulèvement tectonique du Caucase et de la baisse du niveau des océans (régression marine). Lors de périodes climatiques chaudes et arides, la Caspienne a pu s’assécher en partie, déposant des sédiments comme la halite, qui furent recouverts par des dépôts éoliens.
La mer se serait ensuite remplie de nouveau lorsque le climat et l’eau douce des fleuves environnants l’ont permis.
Le niveau de la mer Caspienne fluctue au cours du temps, selon le climat, donc l’évaporation, et selon le débit de la Volga, son principal tributaire, lequel dépend de l’abondance des précipitations sur l’ensemble de son très étendu bassin versant.
Le niveau de la mer est descendu et monté de nombreuses fois au cours des siècles : par exemple, les sources de l’Antiquité la décrivent plus étendue au nord qu’aujourd’hui, et reliée à la mer d'Aral par un chenal aujourd’hui à sec à travers l’actuel Turkmenistan ; celles du Moyen Âge décrivent une montée des eaux provoquant l’inondation des villes côtières de Khazarie, comme celle d’Itil.
Le niveau de la mer Caspienne oscille saisonnièrement et annuellement, mais il a baissé de −3 mètres de 1929 à 1977 pour ensuite remonter de 3 mètres (ou 1,5 m selon le rapport Dobris) de 1977 à 1995 pour à nouveau diminuer. Le littoral iranien est ainsi un écotone particulièrement mouvant.
Les causes de ces variations ne sont pas encore complètement comprises, mais elle pourrait être liée au phénomène ENSO; des perturbations nord-atlantiques plus fréquentes modifient la pluviométrie en Russie, en lien avec les cycles de l’oscillation nord-atlantique.
Dans ce contexte, une tendance continue à la baisse de niveau, une salinisation avec eutrophisation sont attendues.
Ces phénomènes font de la Caspienne un lieu intéressant d'étude des causes et effets du changement climatique qui affecte l'ensemble du globe.
Hydrographie : vents, courants et marées
Les fleuves Volga, Oural, Koura et Emba se jettent dans la mer Caspienne. La Volga assure à elle seule 80 % des apports en eau douce de la mer Caspienne. Une grande partie de l'Europe de l’Est, drainée par la Volga, appartient au bassin versant de la Caspienne.
Les précipitations atmosphériques, qui dépendent des reliefs côtiers, sont distribuées inégalement sur les littoraux de la Caspienne. La moyenne annuelle des précipitations est de 100 mm pour l'ensemble des côtes, réparties de la manière suivante:
- 300 mm dans le nord
- Environ 300–400 mm à 600 mm à l'ouest
- 1 600 mm dans le sud-ouest
- 90 mm dans la partie orientale de la Caspienne
- Environ 200 mm pour la péninsule d'Absheron.
À l'instar de la Baltique, de la mer Noire et de nombreuses mers resserrées ou de faible étendue, la Caspienne n'a pas de marées véritablement appréciables. Elle conserve cependant une dynamique continue en surface, avec des vagues et des courants.
Pendant les deux tiers de l'année (250 jours), des vents forts et modérés s'apparentant parfois à des ouragans (35–40 m/s) peuvent soulever des vagues de 8 à 10 mètres de haut, ayant 100 à 150 mètres de longueur. De violentes vagues peuvent être observées dans le secteur central de la Caspienne, dans la péninsule d'Absheron et la ville Mahagegala. La période allant de mai à août est considérée comme la période la plus calme de l'année.
Les eaux de la Caspienne sont en mouvement continuel, suivant la rotation antihoraire d'un cyclone. L'essentiel des courants est, comme pour les vagues, influencé par le vent. Une grande partie des courants, qui partent du Nord et descendent vers le sud, sont impulsés par le débit de la Volga. Les écarts de température entre le nord et le sud de la Caspienne causent des écarts de densité qui alimentent les flux de surface dans les secteurs centre et le sud de la mer, et causent des tourbillons cycloniques.
La vitesse moyenne des courants dans la mer Caspienne est de 15 à 20 cm/s. Cette valeur peut atteindre 100 cm/s entre les champs de pétrole de Chilov Island et Neft Dashlary.
Climat
La mer Caspienne offre aux pays riverains de l'ouest et du sud une influence maritime très appréciable, de type méditerranéenne, très proche à bien des égards de celle de la mer Noire, diffusée par les vents puissants qui balayent la région, et régulée par les chaînes de montagnes voisines.
Alors que le climat de l'Iran est principalement aride ou semi-aride, la plaine côtière iranienne de la Caspienne fait exception avec un climat subtropical : les températures y tombent rarement en dessous de 0 °C en hiver et le climat reste humide toute l’année.
En Azerbaïdjan, le climat n'est tempéré que le long du littoral caspien, le reste du pays connaissant des situations et des températures plus extrêmes. Le climat est subtropical et semi-aride dans les parties centrales, orientales, et dans le sud-est du pays. Et il est continental dans l'ouest et froid dans les montagnes azerbaïdjanaises.
En Russie, le Daghestan méridional bénéficie d'un climat méditerranéen similaire à celui des côtes de l'Azerbaïdjan. Les pluies présentent un maximum d'automne le long des côtes de la mer Caspienne.
À l'est en revanche, contrairement au Lenkoran azerbaïdjanais, au Daghestan méridional et aux rivages iraniens, le littoral turkmnène apparaît comme un milieu hostile du fait des vents défavorables, qui limitent l'influence de la Caspienne : il est faiblement peuplé, et sa principale ville est le port de Türkmenbaşy (ancienne Krasnovodsk), qui fut fondé dans le cadre de la conquête tsariste à la fin du xixe siècle.
Le climat de la mer Caspienne n'est pas homogène. La grande différence entre le climat méditerranéen de France et de l'est de la Caspienne est d'ordre thermique. « Les hivers sont beaucoup plus froids à l'est de la Caspienne, et même dans le sud azerbaïdjanais vers 40° de latitude. Il y a environ trois mois de jours de gel par an à Yalta, et un manteau neigeux continu de deux mois, janvier et février.
Les vagues d'air froid continental, voire arctique, glissent facilement l'hiver jusqu'à la mer Caspienne à 40° de latitude. L'effet d'abri au sud de la Chaîne Taurique et du Caucase occidental donnent naissance à des températures moins basses à latitudes égales au bord de la mer Noire. » La banquise peut recouvrir le nord-est de la mer durant l'hiver.
Faune
Le Gobie de la Caspienne (Neogobius caspius) est l'un des nombreux poissons endémiques de cette mer fermée.
La mer Caspienne est très poissonneuse. On y trouve des sterlets, des saumons, et surtout des esturgeons (grands esturgeons), qui fournissent du caviar. « La pêche fait vivre toute une population de pêcheurs, notamment aux environs d'Astrakhan, où l'on fabrique du caviar renommé. »
Depuis les années 1980, la surpêche ayant entraîné la pullulation de méduses de l'espèce Mnemiopsis leidyi, le développement du marché noir et de la désintermédiation à la suite de la chute de l'URSS, ainsi que la pollution des eaux à l'origine de la « myopathie de l'esturgeon », ont diminué fortement les populations d'esturgeons et expliquent la quasi-disparition de l'industrie du caviar de Béluga en mer Caspienne.
Le fait que la mer Caspienne soit une mer résiduelle fermée issue d'un très ancien océan en fait à la fois un musée maritime à ciel ouvert et un écosystème fermé autonome et complexe. « On a notamment compté dans les eaux de la Caspienne une cinquantaine d'espèces de poissons endémiques qu'on ne rencontre pas dans les autres mers. Les coquillages sont peu nombreux à cause de la faible salinité des eaux. Il y a aussi des phoques. »
Le phoque de la Caspienne est une espèce endémique de la mer Caspienne. Parmi les oiseaux, on peut rencontrer le goéland pontique et la sterne caspienne.
Autres ressources
Les profondeurs de la mer recèlent encore d'importantes ressources pétrolières.
Ses littoraux permettent l'existence d'un tourisme balnéaire pour tous les pays riverains. Ils offrent un front de mer à Bakou, la plus importante ville du Caucase. Les longues plages de sable du Turkménistan ou du nord de l'Iran sont traditionnellement très appréciées par les touristes étrangers et les locaux. En Iran, la capitale est beaucoup plus près de la Caspienne que de l'océan Indien, et les plages de Babolsar ont longtemps été fréquentées par la bonne société de Téhéran. Aujourd'hui, les habitants se regroupent à Chalus et Ramsar, leurs stations balnéaires favorites.
La question du statut juridique de la mer Caspienne
La mer Caspienne et les États riverains.
Le problème du statut juridique de la mer Caspienne demande un traitement spécifique, séparé de son statut scientifique.
Il est l'objet d'un grand nombre d'études universitaires et d'articles critiques à travers le monde. Bien que la mer Caspienne soit, sur le plan strictement juridique, considérée aujourd'hui comme un lac salé et non une mer, son statut définitif est encore en débat et « les États riverains ont pris des positions diverses au fil de leur histoire, en fonction de leurs intérêts et des problèmes posés ». « À cet égard l’examen des documents publiés par les États riverains aux Nations Unies est tout à fait significatif et donne des indications précieuses sur la pratique des États. »
« Alors que la Russie part de l’idée que la mer Caspienne est un lac et non pas une mer, le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan fondent leur position sur l’hypothèse que le droit de la mer, codifié en 1982, est applicable. » « Le gouvernement Iranien, qui n’emploie les qualificatifs ni de « lac » ni de « mer » pour désigner la mer Caspienne dans les documents publiés aux Nations Unies, insiste quant à lui sur la spécificité de cette étendue d’eau et de son régime juridique : « La mer Caspienne est une étendue d’eau qui, par son caractère unique, présente une importance capitale pour les États riverains. Ces États sont conjointement responsables de son utilisation, de la mise en valeur de ses ressources naturelles et de la préservation de l’environnement.»
Dans les faits, les positions de l'Iran et de la Russie semblent varier en fonction de leurs intérêts stratégiques, et « la Caspienne paraît être [encore] entourée d'un épais brouillard juridique. Son régime se situe dans un no man's land ne bénéficiant guère de l'attention de ses États riverains ni de la doctrine.»
Le 12 août 2018, la Convention sur le statut de la mer Caspienne est signée lors du cinquième sommet de la mer Caspienne, par les présidents de la Russie, du Kazakhstan, d’Azerbaïdjan, d’Iran et du Turkménistan. Ce traité a pour vocation le partage des ressources naturelles et la régulation du trafic maritime civil et militaire entre les cinq signataires.
Géopolitique
La mer Caspienne est, de facto, un axe de circulation maritime international et un espace stratégique militaire majeur. Elle est « la grande voie de communication entre la Russie, le Caucase, l'Iran et le Turkménistan. Plusieurs compagnies de navigation entretiennent un trafic régulier sur ses eaux. ».
Après l'effondrement de l'URSS et l'indépendance des républiques d’Asie centrale, le statut de la mer Caspienne est resté flou durant plus de deux décennies.
Une estimation a porté à 50 milliards de barils la quantité de pétrole (dont 13 milliards de barils au Kazakhstan) et à 300 mille milliards de mètres cubes de gaz, deux ressources situées sous une faible profondeur d'eau, mais difficiles à valoriser en raison du fait que ces hydrocarbures sont présents sous haute pression, de plus l'eau de cette région gèle en hiver, ce qui rend l'extraction plus difficile.
D'importantes flottes militaires de type océanique stationnent dans ses eaux (frégates, patrouilleurs, dragueurs de mines, etc.), héritières en partie de la flotte soviétique de la Caspienne. La plus grande puissance militaire de la région est la Russie. La base principale de la flottille russe est située à Astrakhan et sa zone opérationnelle recouvre toute la mer. La flottille russe est composée d'unités de surface, d'unités de soutien et de recherche et de sauvetage en mer, de forces aériennes, de troupes de défense des côtes et d'unités spécialisées pour la logistique technique. Ses principales missions sont « la protection des intérêts de la Russie dans la région de la Caspienne et la lutte contre le terrorisme ».
Dans les années 2010, les États-Unis ont formé et armé les marines militaires des pays bordant la mer Caspienne (notamment de l'Azerbaïdjan). Certains analystes, parlant de « militarisation de la Caspienne », considèrent que la politique des Américains vise à faire reculer l'influence de la Russie et à renforcer leur mainmise sur cette région riche en ressources énergétiques. En 2011, le commandant en chef de la Marine russe a annoncé que, d'ici 2020, la flottille russe de la Caspienne serait dotée de 16 nouveaux navires de guerre. En 2012, le commandant adjoint de la marine iranienne, le contre-amiral Abbas Zamini, a indiqué que l'Iran avait l'intention de mettre à l'eau des sous-marins légers dans la mer Caspienne.
En , après 20 ans de négociations sur les enjeux de l'exploitation partagée des fonds marins, du pétrole, du gaz, du poisson et du caviar (vendu jusqu'à 25 mille dollars le kilogramme, en 2018), cinq pays (Azerbaïdjan, Iran, Kazakhstan, Russie et Turkménistan) lors d'un sommet régional tenu à Aktaou (Kazakhstan) ont signé la Convention sur le statut de la mer Caspienne, un accord historique définissant un nouveau statut pour la mer Caspienne.
Ce cadre a permis au Turkménistan et à l’Azerbaïdjan de réaliser sur le fond de la Caspienne le gazoduc qu'ils projetaient depuis des années (pour ne plus dépendre des gazoducs russes ou chinois). La Russie a perdu son monopole sur le transport du gaz mais obtenu (comme l'Iran) qu’aucune puissance étrangère ne dispose de base ou de vaisseau militaire sur la mer Caspienne.
L'Iran a la plus petite part de littoral et de mer, mais porte un projet maritime et ferroviaire et un projet de traité international de corridor nord-sud la reliant à la Russie au sud, et aux pays riverains vers l’Inde et l’océan Indien.
Golfe Persique
Le golfe Persique est un golfe de l'océan Indien qui s'étend sur une superficie de 251 000 km2. Il sépare l'Iran (l'ancienne Perse) de la péninsule arabique.
Les pays qui le bordent sont :
- l'Iran au nord-est
- l'Irak, le Koweït, l'Arabie saoudite, à l'ouest, Bahreïn, le Qatar et les Émirats arabes unis au sud et à l'est.
- Oman : quelques kilomètres de côtes avec l'enclave de Musandam à l'est.
À l'est, il communique avec le golfe d'Oman et la mer d'Arabie en passant par le détroit d'Ormuz.
La profondeur du golfe Persique ne dépasse pas les 100 m et la salinité y est très forte.
Toponymie
Le nom historique de ce golfe est employé depuis l'Antiquité (en persan : خلیج فارس, khalij-e fārs), Ο Περσικός κόλπος des Grecs, Sinus Persicus des Latins, al-Bahr al-Farsi (la mer persique) des géographes arabes médiévaux. Cette appellation est utilisée par l'Organisation des Nations unies et l'Organisation hydrographique internationale.
Depuis les années 1970, une controverse existe entre l'Iran et les pays arabes au sujet du nom de ce golfe. En effet, l'Arabie saoudite, suivie par les autres États arabes, le nomment « golfe arabique » (arabe :الخليج العربي, al-khalij al-arabi) ou plus simplement « le Golfe ». Pendant plusieurs années, elle se nommait « golfe de Bassora » (d'après Bassora, ville d'Irak). L'appellation « golfe Arabique » n'est pas couramment utilisée en dehors du monde arabe. Historiquement, le seul nom correct est celui de golfe Persique.
Notons qu'il existe par ailleurs une mer d'Arabie ou mer arabique, aussi appelée mer d'Oman, qui est une partie de l'océan Indien entre la péninsule arabique et le sous-continent indien, et qu'il est parfaitement inutile de créer de la confusion.
En octobre 2018, l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), en tant qu'agence des Nations unies, enregistre le golfe Persique dans un certificat officiel basé sur l'« Arrangement de Lisbonne » concernant la protection des appellations d'origine et leur enregistrement international. La reconnaissance de ce nom dans le certificat d'enregistrement de la perle du golfe Persique indique la reconnaissance du nom de la masse d'eau en tant que telle. Selon cet accord fondé sur le droit international, aucun pays, gouvernement ou organisation ne peut utiliser un autre nom pour désigner le golfe Persique.
Climat
Des projections réalisées avec des modèles climatiques régionaux pour le pourtour du golfe Persique montrent que sous l’effet du réchauffement climatique la température humide pourrait d'ici la fin du siècle régulièrement dépasser 30°C, un niveau considéré comme extrêmement dangereux, voire parfois excéder 35°C, le seuil maximal physiologiquement supportable par un être humain en bonne santé au repos à l’ombre.
Limites
Les limites orientales du golfe ont été définies par l'Organisation hydrographique internationale comme suit :
- Au sud-est:
Une ligne allant du Ra’s Līmā’ (25° 56′ 43″ N, 56° 27′ 28″ E) sur la côte omanaise de la péninsule de Musandam, au Damāgheh-ye Kūh (Ras Al Kuh) (25° 47′ 50″ N, 57° 17′ 52″ E) sur la côte iranienne.
Salinité
Long de 1 000 kilomètres et large de 200 à 300 km, le golfe Persique est presque une mer fermée dont la profondeur moyenne est de seulement 50 mètres. Il reçoit moins d'eau par les fleuves d'Iran et d'Irak qu'il n'en perd par évaporation. Cela explique sa salinité, qui peut atteindre 45 à 100 grammes par litre. Elle dépasse parfois les 100 grammes par litre, il peut alors se former des « sebhas » ou marais salants naturels. Le niveau se maintient grâce au courant venu de l'océan Indien par le détroit d'Ormuz, qui tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
Faune
Les mangroves dans le golfe Persique exigeant des flux de marées, une combinaison d'eau douce et d'eau salée, attirent des crabes, des petits poissons, des grandes requins, des insectes et des oiseaux qui les mangent.
Histoire
La côte nord-ouest du Golfe persique, où se jettent le Tigre et l'Euphrate, n'est pas restée immobile au cours des derniers millénaires. Les villes antiques d'Uruk et Ur, aujourd'hui à l'intérieur des terres, étaient à l'époque sumérienne des villes côtières.
L’histoire du golfe Persique est depuis toujours animée de nombreux conflits, qui ont diminué son influence dans les liaisons entre l’Orient et l’Occident, et ont fait de la mer Rouge, plus à l’ouest, la voie de relation privilégiée.
Les populations du littoral se sont régulièrement affrontées, entre tribus, clans, territoires.
Les populations de l'intérieur des terres ont souvent cherché à s'assurer un débouché maritime.
Au xiiie siècle, les Mongols y établissent leur influence. Une route maritime, empruntée par Marco Polo, le relie à la Chine. Au xvie siècle, le golfe Persique est contrôlé par le Portugal, qui en est délogé par l'Iran des Séfévides. Au xixe siècle, les Britanniques s'y établissent en invoquant le combat contre la piraterie. Ils en gardent le contrôle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et la création des Émirats-arabes-unis.
Plus récemment, le golfe Persique a encore été agité de fréquents conflits :
- guerre Iran-Irak (1980-1988),
- invasion du Koweït par l’Irak en 1990 et intervention d’une coalition internationale pour sa libération en 1991,
- invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003.
Le détroit d’Ormuz est aujourd'hui contrôlé conjointement par l’Iran et le sultanat d'Oman.
En 2019, les États-Unis, l'Arabie saoudite, l'Australie, les Émirats arabes unis et le Royaume-Uni forment une coalition maritime contre l'Iran9. En mai, les États-Unis déploient dans les eaux du golfe le porte-avions USS Abraham-Lincoln ainsi qu'une force de bombardiers.
Économie
La ressource quasi exclusive du golfe Persique est le pétrole. Les plus grands pays du Golfe persique sont regroupés dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et contrôlent l’acheminement grâce aux pétroliers géants, ou par des oléoducs en liaison avec la Méditerranée et la mer Rouge, permettant d’éviter le passage par le détroit d'Ormuz et le canal de Suez. Cela entraîne une forte pollution, En 2000, on estimait qu'1,14 million de tonnes de pétrole était déversé par 40 % des 6 000 pétroliers qui transitent chaque année par le détroit d'Ormuz.
Le Conseil de coopération du Golfe a été créé le 25 mai 1981 à Abou Dabi, aux Émirats-arabes-unis. Six États arabes du Golfe persique en sont membres :
- Émirats arabes unis
- Bahreïn
- Arabie saoudite
- Oman
- Koweït
- Qatar
Les royaumes du Maroc et de Jordanie sont en cours d'adhésion. Le Conseil a pour objectif de favoriser la coopération et la coordination entre les États membres dans des domaines comme l'économie, les finances, le commerce, les douanes, le tourisme et la recherche.